Tian'anmen

9 septembre 2005

La place Tian'anmen est la place la plus grande de Pekin mais c'est avant tout la place de tous les enjeux idéologiques chinois. Les défilés historiques du parti s'y déroulent, mais ce fut également le haut lieu de la contestation étudiante en 1989 et plus récemment, des membres du Falun Gong (secte contestant le régime) s'y sont fait brûler vifs.

Il y a sur cette place une superposition de symboles en tous genres. La présence des anciens empereurs est sensible au Nord avec l'immense Cité Interdite mais également au Sud de la place avec la gigantesque Qianmen, l'ancienne porte Sud des remparts qui entouraient la ville (en photo jointe.)

Pendant le "règne" de Mao la place a été totalement réinventée. On y a rajoute deux bâtiments cube typiquement soviétiques : le Parlement du Peuple a l'Ouest (plein de parlementaires non élus qui parlent...) et le Musée de l'histoire de Chine à l'Est.
Un immense portrait de Mao (culte de la personnalité oblige) a été rajouté au dessus de l'entrée principale de la Cité Interdite et depuis sa mort un mémorial à sa gloire a été construit. Aujourd'hui encore les chinois font plusieurs heures de queue pour aller voir la dépouille embaumée du leader politique (les chinois rêvent-ils qu'un jour une princesse vienne l'embrasser dans son sommeil ?)

Mais la place Tian'anmen est aussi le théâtre d'autres phénomènes auxquels je suis plus sensibles après quatre voyages... C'est un lieu ou quelques passionnés de cerfs-volants viennent faire voler leurs oeuvres le plus haut possible dans le ciel. (Seule l'immense place le permet, la hauteur est le critère important contrairement à nous qui privilégions les figures.)
Très tôt vers 5 heures du matin, quelques chinois vont voir la montée de leur drapeau sur un coin de la place. Il se rassemblent, émus (c'est une des choses que Ma Yan, la protégée de mon père, voulait absolument faire a Pékin.)
Mais surtout derrière le "Cube" parlementaire se construit le nouvel Opéra de Pékin. Je suis avec beaucoup d'émerveillement sa conception. Imaginé par un grand architecte francais, Paul Andreu, c'est une gigantesque goutte de titane posée sur un lac. Pas un angle droit, pas une ligne. Il parait tellement incroyable que les chinois aient accepté une telle folie en plein centre historique. Il semble que depuis 5 ans, une architecture moderne effrontée, quasi inconsciente soit née dans l'esprit des chinois. Mais est-ce vraiment nouveau quand on voit la Grande Muraille ou certaines pagodes ? Nous aurons l'occasion d'en reparler...